Page d'accueil Glossaire Contactez nous Plan du Site

Les accidents
Le cadre juridique
La lutte antipollution
Indemnisation des victimes
Que pensent les experts ?
Etudiants de Sciences Po
Glossaire
Les liens utiles
Remerciements
Plan du site
 

M. Le Berre

 

Réponse aux questions de M. Le Berre, chargé de la communication à la préfecture maritime de Brest

(M. Le Berre ne s’y exprime qu’à titre personnel)

 

1) Comment êtes-vous confronté au problème de la pollution pétrolière dans votre activité professionnelle et comment y répondez-vous ?

 On est ici chargé de la communication. Le but est d’expliquer aux gens via les médias ce que l’Etat fait en mer.  Car c’est une action souvent mal connue du grand public puisqu’il est difficile aux journalistes d’y aller par leurs moyens propres. Nous sommes chargés de valoriser l’action de la Marine et des administrations qui luttent contre la pollution sous l’autorité du Préfet maritime en montrant aux journalistes leur travail. On a donc facilité l’embarquement des journalistes sur les bâtiments anti-pollution qui allaient traiter le problème, on leur a expliqué comme le système fonctionnait, quelles étaient les stratégies adoptées. On a joué la carte de la transparence. Le travail de nettoyage a été exceptionnellement bien fait en mer et à terre. Et cela, il faut le montrer. Il faut savoir qu’une tonne ramassée en mer, c’est dix tonnes en moins à ramasser sur les côtes. Cela aurait pu être beaucoup plus grave que cela. Il est donc important de montrer le travail qui a été fait. Mais il est vrai qu’on a été en face d’une pollution très fragmentaire : ce fut plus une pollution qu’une véritable marée noire.

 

2) Les catastrophes environnementales vous paraissent-elles avoir des causes essentiellement juridiques, c’est-à-dire une réglementation déficiente, ou résulter de comportements de délinquance économique en marge du droit ?

 C’est un vaste sujet. Mais personnellement j’opterai pour la seconde alternative de votre question. Le monde maritime commercial est globalement sain. Cela fait deux ans que je fais ce travail et que je côtoie les gens de la Marine marchande : les armateurs et les affréteurs sont d’honnêtes professionnels dans leur immense majorité. Mais il y a, comme partout, des brebis galeuses qui n’ont qu’un intérêt : faire de l’argent. Pour cela ils n’hésitent pas à faire  courir des risques aux équipages et à l’environnement par le biais notamment de l’affrètement de bateaux poubelles.  Mais d’un autre côté, il est évident que ces voyous  profitent aussi de failles juridiques.    

 

3) Après l’élargissement, l’Union Européenne aura la première Marine marchande mondiale, en s’étendant à Malte et à Chypre (deux pays réputés abriter des opérateurs parfois peu recommandables). Pensez-vous qu’une politique européenne ambitieuse est possible et améliorera la situation ?

 Là aussi c’est un vaste sujet puisque seul l’avenir nous le dira. Il est évident qu’un pays qui accède à l’Union Européenne est obligé de rattraper l’acquis communautaire. A terme, je pense donc que cela pourra être quelque chose de moralisateur. Je retournerai la question : l’accession de la Grèce à l’Union Européenne, a-t-elle changé son comportement ? Je pense que oui.  Cela dit je n’ai pas vraiment d’avis sur la question.  

 

4) En France, pensez-vous que l’action des pouvoirs publics devrait être renforcée dans un domaine particulier ? Pouvons-nous réduire les risques par des contrôles renforcés ou d’autres mesures ?

On peut toujours mieux faire. Actuellement nous avons un système qui fonctionne bien. Mais il ne faut jamais avoir l’outrecuidance de dire que l’on est parfait partout et que, si demain un Erika se produisait, on arriverait à tout nettoyer avant que la pollution ne touche la côte. Je ne le dirais pas parce que je pense que cela est faux. Actuellement le système est bon mais il n’est pas infaillible. On peut toujours renforcer la réglementation mais il faut le faire judicieusement en tenant compte des avis des professionnels, des associations écologiques, des gens de la Marine marchande et des agents de l’Etat qui y travaillent quotidiennement. Je crois beaucoup au pouvoir de la concertation en matière maritime.

 

5) Êtes-vous généralement optimiste ou pessimiste quant à l’évolution du problème et pourquoi?

 Il n’y a juste pas de raison de sombrer dans l’optimisme béat. Ma position personnelle se situerait entre un optimisme que je souhaite et un pessimisme que je n’ai pas. C’est très difficile à dire : il y a beaucoup de comportements à changer. La flotte commerciale mondiale vieillit, il y a beaucoup de comportements malhonnêtes d’une certaine frange de personnes mais d’un autre côté la réglementation avance, 98% des professionnels sont honnêtes, les Etats prennent des mesures, des accords sont signés qui vont dans le bon sens comme les accords de Malaga puisqu’ils éloignent ces voyous. A long terme si tous les Etats éloignent ces bateaux de leur zone économique exclusive, cela représentera pour eux un coût ( en temps et en argent) qui les obligera à changer leur comportement. Je suis optimiste sur l’action des Etats, moins sur le comportement des 2% de voyous qu’il reste.

 

 

© Projet Collectif sur la Pollution Pétrolière - Sciences Po 2003 - http://pollutionpetroliere.free.fr